Lucien, jeune handicapé moteur rencontré dans son village de brousse.
"Perdu de vue", mais pas oublié ! Le 30 mars 2021, après cinq années sans nouvelles de Lucien, sur notre demande, Victorine nous envoie ces photos du grand Lucien et sa maman. Son souhait actuel serait d'apprendre la cordonnerie. Sans plus attendre, nous prenons contact avec la directrice du Centre de Formation Professionnelle pour Adultes Handicapés d'Akassato, proche de Cotonou, où séjourna notre filleul Houéyikou. Sa réponse est positive. Il va falloir constituer un dossier d'inscription et le déposer courant avril. Lucien devrait donc pouvoir satisfaire son désir de formation en cordonnerie durant 18 mois d'internat au centre. La rentrée est programmée début octobre 2021.
Comme prévu, Lucien a intégré le centre...hélas que pour quelques heures ! Il n'a pas supporté de quitter sa maman et de vivre en collectivité. Le voyant en pleurs et inconsolable, son oncle accompagnateur n'a pu rien faire de mieux que de le ramener au village ; nous ignorons à présent son devenir, c'est fort regrettable.
Rétrospective :
En 2017, Victorine nous dit que Lucien ne fréquente plus l'école et qu'il aimerait devenir "réparateur de télévisions" ! Malheureusement son très faible niveau intellectuel ne lui permettrait pas d'accomplir son rêve.
Ci-dessus en février 2015, puis les suivantes en janvier 2016
Janvier 2016 : Chargé dans notre container d'octobre 2015, le tricycle est arrivé au village grâce à la gentillesse et la disponibilité de Victorine et de Raoul. Voici Lucien inaugurant avec sa maman son nouveau tricycle qui remplace son fauteuil roulant. Ses camarades sont trop contents pour lui et le manifestent gaiement. Le CTM remercie le donateur qui reconnaîtra ce précieux tricycle toujours recherché pour d'autres handicapés.
Nous ne l'avons pas revu depuis 2016.
Historique :
Le 22 janvier 2012, nous recevons un bouleversant mail de Raoul, un ami béninois, qui lors de son passage dans le village éloigné de Dansouhé, vient de découvrir un jeune handicapé, paralysé des membres inférieurs. Surpris et très ému, il s'approche de lui et le prend en photo alors qu'il s'apprête à sortir de l'école...tenue kaki, genoux cagneux, jambes rétractées.
Il apprend que Lucien SESSI a 12 ans, né de triplés dont le frère et la soeur sont malheureusement décédés dans les premiers mois de leur courte vie.
Atteint par la poliomyélite dans sa plus tendre enfance, Lucien n'a jamais marché. Malgré son désir et son insistance, son papa a toujours refusé de l'inscrire à l'école, honteux devant l'état physique de son fils.
Devenu orphelin de père en octobre 2011, Lucien décide avec sa maman de s'inscrire aussitôt à l'école, distante d'un kilomètre, pour apprendre à lire et écrire comme tous les enfants de son village.
Un sac rempli de fournitures scolaires et d'une bouteille d'eau accroché à son cou, il parcourt courageusement chaque matin, midi et soir à quatre pattes le chemin caillouteux, distant d'un kilomètre de sa modeste petite maison familiale.
Raoul nous sollicite afin de trouver, pour ce malheureux enfant en CE1, un moyen de déplacement ainsi qu'un soutien pour ses frais de scolarité et de founitures.
Comment rester insensible face à cette souffrance ? Que peut faire le CTM pour cet enfant du bout du monde, si méritant ?
Après de longs échanges de courriels ou téléphoniques, nous suggérons à Raoul de tenter de persuader sa maman d'accepter pour son fils un long séjour au centre d'orthopédie et de rééducation "Béthesda" à Lokossa où notre ami responsable Emile Dohou le prendrait en charge.
Selon les coutumes locales, une veuve doit respecter un délai de 15 mois avant de pouvoir sortir de son village...
Il faut trouver une personne qui accompagnera Lucien durant tout le temps de son hospitalisation, pour assurer son quotidien, toilette, nourriture etc..
Les mois passent jusqu'à notre visite à Lucien en février 2013. Sous les arbres rafraîchissants, nous attendons sa rentrée de l'école à 17 heures...Sa maman est émue, interrogative, muette devant cette inhabituelle délégation étrangère. Dès l'arrivée de Lucien, nous le congratulons, le rassurons, discutons avec son maître, le prenons en photo.
Nous leur réservons une surprise de taille : nous avons apporté un fauteuil roulant sur lequel Lucien va se hisser avec quelques difficultés !
Il nous reste à expliquer à Lucien comment s'en servir seul, à sa maman d'apprendre à le pousser dans les creux et bosses sans le faire tomber, de donner nos recommandations de bon entretien.
les essais sont concluants :
Nous savons que Lucien a fréquenté son école jusqu'aux vacances fin juin, utilisant seul son fauteuil.
En juillet une jeune-fille de la famille s'est proposée pour rester près de lui au centre orthopédique durant 6 longs mois.
C'est alors que l'ami Raoul est allé le 27 juillet au village le chercher avec sa moto (photos ci-dessous)
L'orthopédiste Emile lui a posé des plâtres de posture aux 2 membres inférieurs pour supprimer peu à peu ses malformations et rétractions, principalement aux pieds.
Le voici sur son lit du Centre Orthopédique en octobre 2013
Après cette longue période d'alitement, de bonnes nouvelles nous parviennent. Lucien est appareillé avec des orthèses confectionnées par Emile. Son épouse Eléonore, kinésithérapeute, le rééduque afin de le verticaliser et lui apprendre à marcher, au départ avec un déambulateur.
Ici le 9 janvier 2014.
Merci à sa marraine qui a spontanément désiré lui apporter dès octobre prochain un précieux soutien en frais de scolarité annuelle, ainsi qu'un grand réconfort moral.
Lors de notre séjour au Bénin début février 2014, notre délégation a le plaisir de voir Lucien qui se tient bien droit et marche seul avec un déambulateur, sans peur, dans tous les longs couloirs. Grâce à son obstination, son courage, et aussi à sa bonne rééducation, il parvient rapidement à quitter le déambulateur et devient autonome avec des cannes coudières.
Le 9 mai, nous recevons un appel d'Emile Dohou, nous annonçant le retour de Lucien au village voici une semaine.
Nous prenons régulièrement de ses nouvelles. Il est retourné à l'école en octobre. Notre mission est accomplie. Nous remercions et félicitons tous ceux et celles qui ont participé à l'amélioration des conditions de vie de Lucien